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De la rue à la rébellion : le basculement troublant des mouvements citoyens.


Kinshasa â septembre 2025.
Depuis plusieurs semaines, une onde de choc parcourt lâopinion publique congolaise : des militants issus de mouvements citoyens, longtemps perçus comme la voix du peuple et la sentinelle de la dĂ©mocratie, rejoignent dĂ©sormais les rangs de la coalition rebelle AFC/M23. Cette adhĂ©sion, motivĂ©e selon eux par la quĂȘte dâopportunitĂ©s politiques et Ă©conomiques, plonge de nombreux Congolais dans un profond dĂ©sarroi.
Une confiance trahieđđđđ
Dans les rues de Goma comme Ă Bukavu, la nouvelle a suscitĂ© incomprĂ©hension et colĂšre. « Nous pensions que ces jeunes nous dĂ©fendaient, quâils portaient notre cri de justice. Aujourdâhui, ils pactisent avec ceux qui nous chassent de nos terres », tĂ©moigne Marie Kavira, dĂ©placĂ©e du territoire de Rutshuru.
Les mouvements citoyens, tels que « LUCHA », « FILIMBI» , « VERANDA MUTSANGA » ou encore « Congo Ă©veil », avaient acquis au fil des annĂ©es une aura particuliĂšre auprĂšs de la population. ConsidĂ©rĂ©s comme des contre-pouvoirs pacifiques, leurs membres animaient dĂ©bats, marches et campagnes contre la corruption, la mauvaise gouvernance, l’ingĂ©rence Ă©trangĂšre dans les conflits Ă l’est….. Leur basculement dans une logique armĂ©e constitue un revirement inattendu.
Une quĂȘte de survie ou dâopportunitĂ©s ?
Pour Jean-Baptiste Mulume, chercheur à lâInstitut congolais dâĂ©tudes sociales (ICES), ce ralliement nâest pas uniquement idĂ©ologique : « Ces jeunes ont longtemps vĂ©cu dans la prĂ©caritĂ©. Sans emploi ni perspectives, beaucoup se sont sentis oubliĂ©s par lâĂtat. La coalition rebelle, avec ses financements extĂ©rieurs et ses promesses de postes, a su exploiter cette fragilitĂ©. »
Selon un rapport publiĂ© en aoĂ»t 2025 par lâONG Observatoire des Droits Citoyens en RDC (ODC-RDC), prĂšs de 80 anciens militants de mouvements citoyens auraient dĂ©jĂ intĂ©grĂ© la structure politico-militaire de lâAFC/M23.
Une fracture morale et socialeđđđ
Pour la sociĂ©tĂ© civile, cette adhĂ©sion reprĂ©sente une fracture morale. Pasteur LĂ©on Kasereka, membre du RĂ©seau pour la paix Ă lâEst (RPE), sâinquiĂšte : « Quand ceux qui Ă©taient la voix du peuple deviennent les alliĂ©s des bourreaux, quel espoir reste-t-il aux communautĂ©s meurtries ? Câest un sĂ©isme moral. »
Cette situation complique aussi la lecture du conflit. Alors que lâopinion publique associait les mouvements citoyens Ă une lutte pacifique pour la dĂ©mocratie, leur image se brouille dĂ©sormais, accentuant le dĂ©senchantement populaire.
Un peuple dĂ©semparĂ©đđđđđđđ
à Kinshasa, des analystes politiques redoutent une perte de repÚres généralisée. « La population se sent doublement trahie : par les institutions incapables de la protéger, et par des militants qui choisissent la voie armée », explique Clément Mbuyi, politologue indépendant.
Dans les camps de déplacés, le sentiment est encore plus amer. « Nous avions confiance en eux, maintenant ils nous abandonnent », lance Béatrice Musavuli, mÚre de quatre enfants réfugiée à Minova.
Un signal dâalarme pour lâavenir
La dĂ©fection dâune partie de la jeunesse citoyenne rappelle la fragilitĂ© des engagements dĂ©mocratiques dans un contexte de pauvretĂ© et dâinsĂ©curitĂ©. Elle interroge aussi la capacitĂ© de lâĂtat congolais Ă offrir des alternatives crĂ©dibles Ă une jeunesse en quĂȘte de dignitĂ© et dâavenir.
Pour beaucoup, ce basculement doit servir de signal dâalarme. Car au-delĂ du cas des mouvements citoyens, câest toute une gĂ©nĂ©ration qui risque dâĂȘtre happĂ©e par les logiques de guerređ, faute dâespaces dĂ©mocratiques et de solutions socio-Ă©conomiques.
đĂ votre avis, quel serait la vraie motivation des ces jeunes ????













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