RDC : L’AFC/M23 se retire discrètement des discussions à Doha et rentre à Goma
Goma, 5 juin 2025
Après plus d’un mois de pourparlers tenus à huis clos à Doha, au Qatar, entre une délégation du gouvernement congolais et celle de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et du M23, les représentants du mouvement rebelle ont quitté la table des discussions. Conduite par Benjamin Mbonimpa, l’un des deux Secrétaires Permanents de l’AFC/M23, la délégation est rentrée à Goma en début de semaine, mettant ainsi fin — du moins temporairement — aux échanges diplomatiques initiés dans un contexte de forte tension à l’est de la République démocratique du Congo.
Malgré cette décision lourde de sens, aucune déclaration officielle n’a été publiée par le mouvement dirigé par l’ancien président de la CENI, Corneille Nangaa. Cette absence de communication laisse planer le doute sur les raisons exactes de ce retrait. Les négociations, menées dans la discrétion la plus totale, devaient explorer des pistes de désescalade dans le conflit qui oppose l’armée congolaise aux rebelles du M23, soutenus selon Kinshasa par le Rwanda, ce que Kigali continue de nier.
Le retour de la délégation à Goma, fief du mouvement rebelle, intervient alors que la situation sécuritaire reste extrêmement tendue dans les territoires du Nord-Kivu. Des affrontements sporadiques continuent d’opposer les forces armées de la RDC aux combattants du M23 dans plusieurs zones stratégiques.
Pour les observateurs, ce retrait pourrait être interprété comme un signe d’impasse dans les discussions, ou comme une manœuvre tactique dans un processus de négociation qui reste opaque. D’autres y voient le reflet des difficultés structurelles de dialogue entre Kinshasa et un mouvement armé qui, malgré les condamnations internationales, continue de gagner du terrain sur le terrain militaire.
Le silence de Corneille Nangaa, qui joue depuis plusieurs mois un rôle de premier plan dans la réorganisation politique du mouvement, alimente les spéculations. Des voix s’interrogent sur la stratégie de l’AFC/M23 et sur la suite que le mouvement compte donner à cette phase de retrait.
Dans ce contexte, la communauté internationale, qui suit de près la situation dans la région des Grands Lacs, pourrait être amenée à réagir si cette rupture de dialogue devait s’inscrire dans la durée ou s’accompagner d’une reprise des hostilités à grande échelle.
Pour l’instant, toutes les tentatives de médiation restent suspendues à une clarification officielle de la part du mouvement rebelle, tandis que la population civile, comme souvent, continue de payer le prix fort de cette crise prolongée.
