Crise à l’Est de la RDC : les conditions préalables posés par l’AFC/M23 avant toute négociation avec Kinshasa, selon Steve Wembi
Alors que la situation sécuritaire reste tendue dans l’Est de la République démocratique du Congo, de nouvelles conditions ont été rendues publiques par le mouvement rebelle AFC/M23 en vue d’éventuelles négociations avec le gouvernement de Kinshasa. Selon les informations relayées par le journaliste congolais Steve Wembi, le groupe armé pose six préalables jugés « non négociables » avant tout dialogue officiel avec les autorités congolaises.
Parmi les principales exigences figurent des actes politiques forts et des garanties de sécurité pour leurs membres et les populations soupçonnées de proximité avec le mouvement.
1. Une déclaration officielle de Félix Tshisekedi
Le premier point réclamé est une déclaration solennelle du président Félix Tshisekedi, exprimant clairement la volonté politique de son régime à engager des négociations directes avec l’AFC/M23. Le groupe estime qu’une telle déclaration marquerait un signal fort et mettrait fin aux ambiguïtés sur la position du gouvernement.
2. Annulation des mesures restrictives
L’AFC/M23 exige ensuite l’abrogation de la résolution du 8 novembre 2022 adoptée par l’Assemblée nationale, ainsi que la levée de toutes les mesures restrictives prises contre le mouvement. Ces mesures, jugées répressives, constitueraient un frein à la tenue de véritables négociations politiques selon les rebelles.
3. Levée des condamnations et poursuites judiciaires
Autre point crucial : l’annulation de toutes les condamnations à mort, mandats d’arrêt, poursuites judiciaires et primes de capture visant les dirigeants et cadres de l’AFC/M23. Le groupe estime qu’il est impossible de mener des discussions sereines sous la menace judiciaire.
4. Libération des détenus accusés de complicité
L’AFC/M23 appelle également à la libération immédiate de toutes les personnes civiles ou militaires arrêtées pour leurs liens supposés avec le mouvement, que ce soit en raison de leur apparence, de leur langue ou de leurs relations avec ses membres. Pour les rebelles, ces arrestations sont arbitraires et injustes.
5. Lutte contre les discours de haine et les actes discriminatoires
Le mouvement rebelle demande par ailleurs que le gouvernement congolais criminalise les discours de haine et les actes de discrimination à l’encontre de certaines communautés, notamment celles parlant le swahili ou le kinyarwanda. Ils dénoncent des actes d’oppression, de violence voire de « cannibalisme » dans certaines régions.
6. Signature d’un cessez-le-feu bilatéral
Enfin, l’AFC/M23 souhaite la signature d’un accord de cessez-le-feu bilatéral entre le mouvement et le gouvernement congolais. Cet accord serait vu comme une base essentielle pour rétablir la confiance et ouvrir la voie à un processus politique durable.
Ces conditions posées par l’AFC/M23 interviennent dans un contexte de tensions persistantes dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où les combats se poursuivent malgré les initiatives de médiation régionales. La réponse de Kinshasa à ces exigences n’a, pour l’heure, pas été officiellement formulée. Le gouvernement congolais, de son côté, continue de considérer le M23 comme un mouvement terroriste soutenu par le Rwanda, ce que Kigali dément régulièrement.
La balle est désormais dans le camp des autorités congolaises, qui devront décider si elles sont prêtes à entrer en dialogue sur la base de ces conditions, ou maintenir leur ligne dure vis-à-vis du groupe rebelle.
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