Crise RDC-Rwanda : Kinshasa abandonne l’exigence d’un retrait immédiat des troupes rwandaises (Reuters)
🔎 Analyse exclusive par Blog Génie – 27 juin 2025
Source principale : Reuters – Sonia Rolley, 27/06/2025

Un revirement stratégique majeur à la veille d’un accord de paix
À la veille de la signature annoncée d’un accord de paix entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, prévue ce vendredi 27 juin à Washington, les négociateurs congolais ont retiré l’exigence d’un retrait immédiat des troupes rwandaises présentes sur le sol congolais. C’est ce que rapporte l’agence Reuters, citant quatre sources diplomatiques et politiques proches du dossier.
Cette concession de Kinshasa constitue un tournant inattendu dans la dynamique des négociations, jusque-là bloquées par cette exigence jugée non négociable par les autorités congolaises depuis plusieurs mois.
📍 Un contexte militaire sous tension
Selon plusieurs analystes et diplomates, le Rwanda aurait déployé au moins 7 000 soldats dans l’Est de la RDC en soutien aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Ce groupe armé, considéré comme une force supplétive de Kigali, contrôle depuis plusieurs mois des villes stratégiques, dont Rutshuru, Bunagana, et une partie des environs de Goma, ainsi que des zones minières riches en cobalt, or, tantale et lithium.
Kigali nie toujours officiellement tout soutien militaire direct au M23, invoquant la légitime défense contre les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), une milice hutu active en RDC et composée en partie d’anciens génocidaires rwandais de 1994.
Un accord sous médiation américaine
L’accord de paix attendu ce vendredi à Washington a été rendu possible grâce à une médiation intensive de l’administration du président Donald Trump, qui cherche à mettre fin à une crise régionale menaçant la stabilité et les intérêts miniers américains en Afrique centrale.
D’après Reuters, les États-Unis ont initialement exigé un retrait préalable des troupes rwandaises comme condition à la signature, exigence reprise dans un premier projet de texte authentifié par des diplomates.
Mais face à la résistance de Kigali, qui estime que la neutralisation des FDLR doit précéder tout désengagement militaire, les négociateurs congolais ont accepté un compromis : un retrait progressif des troupes rwandaises, étalé sur plusieurs mois, conditionné à des opérations conjointes ou validées contre les FDLR.
Des réactions officielles contrastées
🔹 Tina Salama, porte-parole du président congolais Félix Tshisekedi, a confirmé à Reuters que Kinshasa cherche à obtenir le « désengagement ou retrait total » des forces rwandaises, mais sans donner d’échéance précise.
🔹 Du côté rwandais, la porte-parole du gouvernement, Yolande Makolo, a indiqué que la levée des mesures défensives autour de la frontière ne se fera qu’après neutralisation du FDLR, confirmant ainsi la ligne rouge de Kigali.
🔹 Le Département d’État américain, sollicité par Reuters, s’est refusé à tout commentaire sur les négociations en cours.
Contenu technique de l’accord (selon le brouillon validé par des experts)
✅ Respect de l’intégrité territoriale des deux États
✅ Interdiction formelle des hostilités armées
✅ Engagements sur le désengagement, désarmement et intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques
✅ Mécanisme conjoint de vérification et de retrait, en partie inspiré du processus d’Angola 2024
Conséquences immédiates sur le terrain : silence ou inquiétude ?
Pendant que les diplomates finalisent l’accord à Washington, la situation humanitaire dans l’Est de la RDC reste dramatique :
- Plus de 500 000 déplacés internes, selon les ONG locales
- Des populations entières abandonnées dans les zones rouges de Masisi, Rutshuru, Nyiragongo
- Des ressources minières stratégiques exploitées sans contrôle congolais
- Des tensions croissantes entre populations locales, armées et rebelles

Analyse Blog Génie : paix durable ou accord de façade ?
Ce compromis, bien que présenté comme une avancée diplomatique, soulève de sérieuses interrogations :
- La RDC peut-elle vraiment négocier sous pression avec un acteur armé occupant son territoire ?
- La condition du « retrait progressif », liée à la neutralisation des FDLR, ne risque-t-elle pas de figer la présence rwandaise pour des années ?
- La paix est-elle négociée en fonction des intérêts géostratégiques américains et miniers, au détriment de la souveraineté congolaise et des victimes du conflit ?
💬 Blog Génie vous donne la parole : ce compromis est-il une trahison, un réalisme politique ou une capitulation diplomatique ?
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🔗 Sources principales :
- Reuters – Sonia Rolley, « Congo drops demand for immediate Rwandan troop pullout », 27 juin 2025
- Déclarations officielles de Tina Salama et Yolande Makolo
- Analyses de terrain collectées par Blog Génie – Goma, Bunagana, Kinshasa
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