GUERRE-RDC: Voici la situation qui prévaut à RUBAYA aujourd’hui 12 Juin 2024 par les rebelles du M23
Des sources locales fiables à Rubaya, territoire de Masisi, ont rapporté le lundi 10 juin que les rebelles du M23 ont mis en place une administration parallèle dans cette zone minière du Nord-Kivu, qu’ils occupent depuis environ deux mois. Cette administration alternative contrôle et régule les activités minières sur une dizaine de sites de production de coltan, notamment à Luhoho, Kalindi, Rukaza, SMB, Nyagisenyi, entre autres.
Selon ces sources, l’administration rebelle a engendré une augmentation notable de l’afflux de jeunes, de femmes et d’enfants vers ces sites miniers. Actuellement, les creuseurs sont rémunérés 30 000 FC (environ 11 USD) par jour, un montant nettement supérieur aux 10 000 FC (environ 4 USD) qu’ils percevaient avant l’occupation du M23. Cette hausse salariale a provoqué un engouement considérable pour les activités minières dans la région.
Toute la production de coltan est achetée par des négociants et opérateurs miniers qui viennent directement du Rwanda, au prix de 3 dollars par kilo, avant d’être transportée via Kibumba. Des témoins sur place dénoncent ces transactions, soulignant les implications économiques et sécuritaires pour la région.
Les sources locales s’inquiètent que cette situation, si elle persiste, causera des pertes financières significatives pour l’État congolais. En dehors des sites miniers, une présence marquée d’hommes vêtus en uniforme de police bleue est observée. Leur rôle est de surveiller les infractions commises par la population, de faire exécuter des travaux forcés, notamment la collecte du bois de chauffe pour les rebelles, ainsi que divers travaux communautaires.
Sur le plan sécuritaire, ce sont les militaires rebelles qui assurent la sécurité le long des principaux axes routiers et aux barrages, où ils contrôlent la circulation et perçoivent des taxes.
En plus de la réorganisation économique et sociale induite par l’administration parallèle du M23, les conditions de vie des habitants de Rubaya et de ses environs se sont également transformées. L’afflux massif de travailleurs vers les sites miniers, attirés par les nouvelles opportunités financières, a modifié la dynamique de la communauté locale. Cependant, cette situation est loin d’être idyllique. Les jeunes, les femmes et même les enfants sont souvent exposés à des conditions de travail extrêmement difficiles et dangereuses, exacerbées par l’absence de réglementation et de protections adéquates.
Par ailleurs, la présence omniprésente des rebelles et de leurs miliciens, vêtus d’uniformes de police, impose un climat de peur et de coercition. Ces hommes, en plus de surveiller les activités des mineurs, imposent des travaux forcés à la population locale, tels que la collecte de bois de chauffe, essentiel pour le fonctionnement des camps rebelles. La vie quotidienne des habitants est donc marquée par la menace constante de violences et d’abus.
Cette situation chaotique a également des répercussions importantes sur l’économie locale et nationale. Le contrôle des routes et des barrages par les rebelles leur permet de percevoir des taxes illégales sur la circulation des biens et des personnes, privant ainsi l’État congolais de revenus cruciaux. De plus, les transactions de coltan avec les négociants rwandais, effectuées à des prix dérisoires, dévalorisent les ressources naturelles de la région, entraînant des pertes économiques substantielles pour le pays.
Face à cette situation, les habitants de Rubaya et des environs se retrouvent pris au piège entre la nécessité de subvenir à leurs besoins et les dangers inhérents à la présence rebelle. La communauté internationale et les autorités congolaises sont appelées à intervenir de manière urgente pour rétablir l’ordre et garantir la sécurité et les droits des populations locales, tout en régulant l’exploitation minière pour qu’elle profite équitablement à tous.
