RDC-M23: Négociations confidentielles à Doha-Kinshasa face au M23 pour tenter d’éviter des nouveaux affrontements ce 4 mai
Doha (Qatar), 5 mai 2025
Un nouveau chapitre diplomatique s’ouvre pour la République démocratique du Congo, alors que des pourparlers inédits ont débuté ce week-end à Doha, la capitale du Qatar, entre des représentants du gouvernement congolais et ceux de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC/M23), un groupe armé actif dans l’est du pays. Ces premières rencontres, qualifiées de « contacts exploratoires » par plusieurs sources proches du dossier, pourraient représenter une étape décisive vers la désescalade dans les régions troublées du Nord-Kivu.
La délégation du mouvement rebelle AFC/M23, conduite par Benjamin Mbonimpa, l’un des secrétaires permanents de l’organisation, est arrivée à Doha durant le week-end. De son côté, la délégation du gouvernement congolais, présente sur place depuis environ 48 heures avant l’arrivée de la partie adverse, a engagé un premier échange avec les rebelles ce dimanche 4 mai. Ce premier contact a été discret mais significatif, marquant le début d’un dialogue officiel longtemps repoussé.
Un contexte tendu dans l’Est congolais
Ces discussions surviennent dans un climat de tensions extrêmes dans l’est de la RDC, où les combats entre les forces armées congolaises (FARDC), appuyées par des groupes alliés locaux, et les rebelles du M23, se sont intensifiés ces derniers mois. Plusieurs localités du Nord-Kivu, notamment autour de Goma, Rutshuru et Masisi, ont été le théâtre d’affrontements meurtriers ayant entraîné le déplacement de centaines de milliers de civils.
Le mouvement M23, à l’origine une rébellion tutsi majoritairement active entre 2012 et 2013, avait été défait militairement avant de revenir en force en 2021 sous l’appellation AFC/M23. Depuis, il occupe plusieurs territoires stratégiques dans la province du Nord-Kivu et réclame un dialogue direct avec Kinshasa, accusant le gouvernement de marginaliser certaines communautés et de ne pas respecter les précédents accords de paix.
Une médiation diplomatique discrète
La rencontre de Doha n’est pas le fruit du hasard. Le Qatar, qui renforce depuis quelques années son rôle de médiateur dans les conflits régionaux et internationaux, a offert sa neutralité et son hospitalité pour favoriser ce dialogue sensible. Jusqu’à présent, peu d’éléments ont filtré sur les conditions précises de la médiation ou sur les noms des membres de la délégation congolaise.
D’après plusieurs observateurs, la participation du Qatar témoigne d’un effort concerté entre les partenaires internationaux de la RDC, notamment l’Union africaine, les Nations Unies et les États-Unis, pour pousser les deux camps à la table des négociations. Un diplomate basé à Kinshasa confie que « c’est une opportunité fragile, mais cruciale, pour ouvrir une porte de sortie à la crise sécuritaire dans le Kivu. »
Un espoir prudent dans les camps opposés
Du côté du gouvernement congolais, aucune déclaration officielle n’a encore été faite, signe que la discrétion est privilégiée à ce stade des discussions. L’objectif semble être d’évaluer la volonté réelle du M23 à cesser les hostilités et à s’inscrire dans un processus politique durable.
Quant au mouvement rebelle, sa présence à Doha est perçue comme un signe d’ouverture, même si de nombreux analystes restent prudents. L’AFC/M23 a longtemps exprimé sa défiance envers les solutions proposées par Kinshasa, estimant que leurs revendications politiques et sécuritaires n’ont jamais été prises au sérieux. Pour ses dirigeants, notamment Benjamin Mbonimpa, le déplacement à Doha serait motivé par la volonté de « trouver une solution négociée au conflit et mettre fin à la souffrance des populations civiles ».
Et maintenant ?
Aucune feuille de route claire n’a été rendue publique, mais plusieurs sources parlent d’un processus en plusieurs phases, qui devrait inclure des discussions techniques, des consultations élargies et éventuellement un cessez-le-feu formel. Les prochaines heures seront cruciales pour évaluer la direction que prendront ces pourparlers.
Dans une région marquée par des décennies de conflits armés, de promesses non tenues et d’accords fragiles, l’ouverture de ce canal de discussion représente un mince espoir. Reste à savoir si la volonté politique, de part et d’autre, permettra de transformer ce moment diplomatique en une véritable avancée vers la paix.