RDC – Rwanda : Accord de Paix du 27 juin : tournant diplomatique ou piège historique ?
Par MAHAZI William| 27 juin 2025 – Washington, D.C.

« Ce n’est pas un traité. C’est une ligne de plus sur un papier qui ne pleure jamais. » — Jeune déplacé, camp de Bulengo
13h30, heure de Washington. L’instant où tout peut basculer.
Dans quelques heures, les gouvernements de la RDC et du Rwanda doivent signer un accord de paix présenté comme “historique”. Les délégations sont prêtes. Le protocole est calé. Les caméras déjà braquées sur la salle du Département d’État américain.
Mais pendant que l’Occident attend une signature, le Kivu attend une justice.
Le monde regarde Washington. Le Kivu, lui, regarde ses cicatrices.
À Goma, à Bukavu, à Minova, à Kalehe, la signature prévue aujourd’hui à 13h30 ne rassure personne. On la redoute. On la jauge. On en devine les zones d’ombre.
Car dans les collines et les ruelles des Kivus, on enterre encore les victimes d’hier. Et on continue de perdre les jeunes d’aujourd’hui.
La jeunesse kivutienne, chair à canon d’un compromis silencieux
Depuis plus d’un an, des centaines de jeunes congolais sont enrôlés de force, parfois à peine majeurs, dans les rangs du M23, ou d’autres groupes armés sous bannière fluctuante.
L’accord annoncé évoque une « intégration sous conditions » de ces forces. Mais aucun mot ne parle de leur consentement. Ni de leur traumatisme. Ni de leur avenir.
« Mon fils a disparu à Sake. Il avait 16 ans. Ce n’est pas un combattant. C’est un écolier. » — Mère de famille à Goma
Une paix sans vérité, une paix sans peuple ?
L’accord à signer inclut :
- Le retrait progressif des troupes rwandaises (7 000 hommes)
- Le désarmement des groupes armés
- Un mécanisme de suivi quadripartite (USA, Qatar, RDC, Rwanda)
- Et une coopération économique… très discrètement orientée vers les minerais

Mais rien sur les massacres passés.
Rien sur les enfants enrôlés.
Rien sur les familles déplacées.
Et surtout, rien n’a été négocié avec les premières concernées : les populations locales.
Le Kivu comme prix à payer ?
Ce que beaucoup redoutent, à Goma comme à Bukavu, c’est que l’accord prévu ce 27 juin soit avant tout un compromis politique et économique, dans lequel les intérêts des puissants s’accordent… au détriment des vérités dérangeantes.
“On appelle ça la paix. Mais ça ressemble à une légalisation du chaos.” — Activiste à Bukavu
Et si l’accord ne tenait pas ?
Car la signature, si elle a lieu à 13h30 comme prévu, ne garantit rien sur le terrain :
- Les groupes armés peuvent muter, changer de nom, mais pas de méthode.
- Le désarmement sans justice est un report de guerre.
- La coopération économique, sans contrôle citoyen, n’est qu’un pillage maquillé.
Conclusion : Le monde attend un papier. Le peuple attend la paix.
Ce 27 juin, le destin du Kivu ne se joue pas dans une salle de conférence climatisée. Il se joue dans les camps, les écoles fermées, les villages vidés, les postes de santé pillés.
Tant qu’un accord de paix ne parle pas des enfants enrôlés, des femmes violées, des terres abandonnées… il n’est pas un accord. Il est un aveu de renoncement.
#RDC #Rwanda #Washington2025 #AccordDePaix #KivuOublié #Goma #Bukavu #JeunesRecrutés #PaixOuSilence #BlogGenie
Share this content: