Dialogue direct RDC – M23 : Kinshasa insiste sur le cadre du processus de Nairobi
Le dialogue direct entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, concernant la crise liée au mouvement M23/AFC et l’implication présumée des Forces rwandaises de défense (RDF), continue de susciter des réactions. Alors que des initiatives de médiation sont en cours, la porte-parole du Président Félix Tshisekedi, Tina Salama, a réaffirmé la position de Kinshasa : toute discussion doit s’inscrire dans le cadre du processus de Nairobi.
Un nouvel engagement de l’Angola dans la médiation
Le Président Félix Tshisekedi s’est entretenu avec son homologue angolais, João Lourenço, à Luanda. À l’issue de cette rencontre, l’Angola a annoncé son intention d’entreprendre de nouvelles initiatives dans le cadre de sa médiation pour tenter d’apaiser les tensions entre Kinshasa et Kigali. Une démarche que le gouvernement congolais dit observer avec attention :
« Nous prenons acte et attendons voir la mise en œuvre de cette démarche de la médiation angolaise », a déclaré Tina Salama.
L’Angola s’est déjà impliqué à plusieurs reprises dans la recherche d’une solution pacifique à la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC. Toutefois, malgré ces efforts, la situation reste tendue sur le terrain, avec des combats persistants entre les FARDC et le M23, soutenu par Kigali selon plusieurs rapports de l’ONU.
Kinshasa insiste sur le processus de Nairobi et la Résolution 2773
Dans son communiqué, Tina Salama a tenu à rappeler que le cadre de résolution du conflit a déjà été défini par le processus de Nairobi, lancé sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Ce cadre, adopté depuis 2022, vise une approche globale pour traiter la crise sécuritaire en combinant dialogue et actions militaires contre les groupes armés réfractaires à la paix.
« Nous rappelons par ailleurs qu’il existe un cadre préétabli qui est le processus de Nairobi et nous réaffirmons notre attachement à la Résolution 2773 », a-t-elle insisté.
La Résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée en 2023, a renforcé la condamnation de l’agression des groupes armés et a appelé à une cessation des hostilités dans l’Est de la RDC. Kinshasa y voit un levier essentiel pour exiger le retrait du M23 et des forces rwandaises de son territoire.
Un dialogue sous conditions ?
La RDC reste donc attachée à un cadre formel pour toute négociation, rejetant toute discussion bilatérale qui ne s’inscrirait pas dans les mécanismes existants. Cette position souligne la prudence de Kinshasa face aux risques de légitimer une rébellion qu’elle considère comme une force d’agression étrangère.
En parallèle, la diplomatie congolaise poursuit ses efforts pour mobiliser la communauté internationale et obtenir des sanctions contre Kigali, accusé de soutenir le M23. La situation reste incertaine, et l’efficacité de la médiation angolaise dépendra de la volonté réelle des parties en conflit à s’engager sur la voie du dialogue.
Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a rencontré ce mardi à Luanda son homologue angolais, João Lourenço, qui joue un rôle clé dans la médiation du conflit opposant Kinshasa aux rebelles du M23 dans l’est du pays.
L’entretien, qui s’est tenu au palais présidentiel de la capitale angolaise, s’inscrit dans une série d’initiatives diplomatiques visant à apaiser les tensions grandissantes au Kivu. La région est le théâtre d’intenses affrontements entre l’armée congolaise et le M23, un groupe rebelle accusé d’être soutenu par Kigali.
D’après des sources officielles angolaises, Luanda va établir prochainement un dialogue avec le M23 afin de favoriser des négociations directes avec Kinshasa. Cette démarche marque une nouvelle tentative dans la médiation entreprise par l’Angola, après plusieurs efforts infructueux pour désamorcer la crise.
Par ailleurs, la veille, João Lourenço avait reçu une délégation de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), illustrant l’intensification des consultations autour du conflit.
Cette initiative diplomatique survient alors que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) prévoit de tenir un sommet extraordinaire en visioconférence le 13 mars prochain, entièrement consacré à la situation sécuritaire en RDC.
Un acteur angolais impliqué dans la médiation a confirmé à ACTUALITÉ.CD que Luanda « redouble d’efforts pour rapprocher les positions » et faciliter un dialogue direct entre Kinshasa et le M23 « dans les jours à venir ».
Jusqu’à présent, les autorités congolaises ont exprimé une forte réticence à toute négociation directe avec le M23, exigeant comme préalable un retrait total du groupe rebelle des territoires qu’il occupés.
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